Le débat sur la réforme des retraites connaît un nouveau tournant alors que la CFDT, premier syndicat français, met la pression sur le gouvernement pour obtenir des avancées concrètes sur la pénibilité du travail. À l’approche du conclave social prévu lundi, la secrétaire générale Marylise Léon a affirmé que le syndicat attend « des mesures fortes » concernant la carrière des femmes, la reconnaissance des métiers pénibles et l’amélioration des dispositifs de prévention. Ce dossier, central pour l’avenir du modèle social français, cristallise les tensions entre impératifs budgétaires, justice sociale et transformation du monde du travail.

La pénibilité, un enjeu de justice et de santé publique

La question de la pénibilité est au cœur des revendications syndicales depuis la réforme de 2010, qui a introduit un compte personnel permettant de cumuler des points pour accéder à une retraite anticipée. Mais les critères, jugés trop restrictifs, et la complexité des démarches ont limité son impact. La CFDT réclame un élargissement des métiers concernés, une simplification des procédures et une meilleure prise en compte des risques physiques et psychiques, notamment dans les secteurs du soin, du bâtiment, de la logistique et de la propreté.

Des négociations sous haute tension

Les discussions entre syndicats et gouvernement piétinent depuis plus de trois mois, sur fond de mobilisation sociale et de défiance envers l’exécutif. La CFDT, qui se veut constructive, conditionne son soutien à la réforme à des avancées concrètes sur la pénibilité, la carrière des femmes et la prise en compte des parcours hachés. Le gouvernement, confronté à des contraintes budgétaires et à la nécessité de boucler le budget 2026, doit arbitrer entre exigences sociales et impératifs financiers.

L’enjeu de la reconnaissance et de la prévention

Au-delà de l’âge de départ, la question centrale est celle de la reconnaissance de la pénibilité et de la prévention des risques professionnels. Les experts soulignent l’importance d’une politique ambitieuse de santé au travail, d’une adaptation des postes et d’un accompagnement des salariés exposés. L’amélioration des conditions de travail, la formation et la mobilité interne sont des leviers essentiels pour allonger les carrières sans aggraver les inégalités.

La dimension de genre et la carrière des femmes

La CFDT insiste sur la nécessité de corriger les inégalités de carrière et de pension entre hommes et femmes, liées à la précarité, au temps partiel subi et à la surreprésentation dans les métiers pénibles. Les syndicats réclament des mesures spécifiques pour valoriser les parcours féminins et garantir une retraite décente à toutes.

Conclusion : Un test pour le dialogue social et la justice sociale

Le dossier de la pénibilité sera un test décisif pour la capacité du dialogue social à produire des avancées concrètes et à restaurer la confiance dans le modèle français de retraite. Pour Omondo, il s’agit d’analyser les enjeux de justice, de santé et d’innovation sociale qui conditionnent l’avenir du travail et de la protection sociale.