L’Afrique pourrait devenir le moteur de la croissance économique mondiale durant les prochaines décennies (rapport)

L’Afrique pourrait devenir le moteur de la croissance économique mondiale durant les prochaines décennies (rapport)

Selon un rapport du think-tank américain Atlantic Council, l'Afrique dispose d'atouts considérables pour contribuer à la relance de l'économie mondiale. En effet, sa population jeune et en croissance, ses ressources naturelles abondantes et sa position géographique stratégique sont autant d'avantages qui peuvent être exploités.

Le rapport intitulé "Africa’s Economic Renaissance – Reimagining the Continent’s Role in Revitalizing the Global Economy" souligne que l'économie mondiale a connu une période de ralentissement prolongée au cours des deux dernières décennies. La croissance mondiale moyenne pour la période 2017-2021 s'est établie à 2,4%, contre une moyenne de 3,7% pour la période 1996-2000.

Presque tous les facteurs qui avaient soutenu la croissance et la prospérité au début des années 90 se sont affaiblis. Même avant la pandémie de coronavirus, la croissance mondiale ralentissait déjà en raison du vieillissement de la population, du ralentissement de la productivité, de l'augmentation du niveau de la dette publique, de l'augmentation de la fréquence et de la gravité des catastrophes naturelles, ainsi que de la multiplication des obstacles au commerce et à la libre circulation des personnes.

La situation s'est compliquée en raison des chocs successifs liés à la pandémie de coronavirus, à la guerre en Ukraine et aux hausses rapides des taux d'intérêt visant à lutter contre l'inflation.

Ces chocs, combinés à des facteurs structurels préexistants, ont créé des obstacles importants pour l'économie mondiale et ses perspectives de croissance dans les années à venir.

Si aucune mesure n'est prise pour stimuler l'économie, le monde pourrait faire face à une "décennie perdue". Selon les prévisions de la Banque mondiale, le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) mondial devrait atteindre son niveau le plus bas depuis trois décennies, à seulement 2,2 % par an d'ici 2030.

Un marché de consommation très important et une grande quantité de main-d'œuvre disponible

Le rapport souligne que des politiques spécifiques et coordonnées à l'échelle internationale pourraient aider l'économie mondiale à se redresser. Ces politiques incluent notamment l'augmentation de la participation des femmes et des jeunes sur le marché du travail, la facilitation de la mobilité de la main-d'œuvre, la réduction des coûts et des obstacles au commerce, ainsi que la réduction significative des émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement climatique.

 

Dans ce contexte, l'Afrique joue un rôle crucial grâce à ses nombreux atouts et avantages comparatifs. Alors que toutes les régions du monde sont touchées par le vieillissement de la population, la part des personnes âgées de 65 ans ou plus sur le continent est restée faible, à seulement 3 %, au cours des quatre dernières décennies. Avec près des deux tiers de sa population ayant moins de 30 ans et 40 % ayant moins de 14 ans, l'Afrique est le continent le plus jeune du monde, ce qui représente un réservoir considérable de main-d'œuvre.

De plus, la population du continent devrait doubler d'ici 2050, passant de 1,4 milliard à 2,8 milliards d'habitants, offrant ainsi un énorme marché de consommation qui sera le principal moteur de la demande mondiale de biens et de services.

Par ailleurs, l'Afrique dispose de ressources naturelles abondantes et diversifiées. Elle détient près de 30 % des réserves mondiales de minerais, 12 % des réserves de pétrole et 8 % des réserves de gaz naturel. De plus, le continent possède les plus grandes réserves de cobalt, de diamant, d'uranium, de platine et de terres rares. L'importance de la plupart de ces éléments pour l'économie mondiale est en constante augmentation, notamment dans les industries stratégiques à haute technologie telles que les semi-conducteurs, les batteries électriques et les énergies propres.

En outre, le continent abrite 65 % des terres arables non cultivées, ce qui en fait un acteur essentiel pour la sécurité alimentaire mondiale à long terme. Il possède également d'énormes ressources dans le domaine des énergies renouvelables. Par exemple, la mise en place de panneaux solaires sur seulement 1 % de la superficie du Sahara serait largement suffisante pour répondre aux besoins en électricité de l'Europe, du Moyen-Orient et de l'Afrique réunis.

Des dépenses importantes pour améliorer les infrastructures

En outre, il convient de mentionner la position géographique stratégique de l'Afrique, qui facilite les échanges commerciaux avec toutes les autres régions du monde. En effet, le continent est entouré de mers et d'océans de tous les côtés. Parmi les 54 pays du continent, 38 sont situés le long des côtes. Dans ce contexte, le rapport estime que l'Afrique possède un énorme potentiel qui pourrait lui permettre de réaliser des taux de croissance très élevés, sous certaines conditions.

L'Afrique dispose d'un immense potentiel de développement

Bien que disposant de ressources naturelles et énergétiques limitées, le Vietnam a réussi à augmenter son PIB de manière considérable au cours des 30 dernières années, passant de 45 milliards de dollars en 1990 à 332 milliards de dollars en 2021.

Si l'Afrique peut atteindre des taux de croissance similaires au cours des trois prochaines décennies, elle pourrait contribuer à hauteur de 20 000 milliards de dollars à l'économie mondiale d'ici 2050. Cette projection n'est pas impossible, étant donné que l'Afrique a déjà triplé son PIB entre 1990 et 2021, passant de 900 milliards de dollars à 2700 milliards de dollars. En outre, certains pays africains ont enregistré une croissance encore plus rapide que le Vietnam, tels que l'Éthiopie dont le PIB a été multiplié par 7,6.

Une croissance économique forte, inclusive et respectueuse de l'environnement en Afrique permettrait non seulement à des millions de personnes de sortir de la pauvreté, mais aussi à l'économie mondiale de rebondir plus rapidement. Pour y parvenir, il est nécessaire d'investir massivement dans les infrastructures physiques et sociales du continent, ce qui implique un engagement plus fort et plus cohérent des institutions financières multilatérales, des accords de coopération plus équilibrés et transparents entre les pays africains et les autres pays du monde, ainsi que des partenariats durables avec le secteur privé.