La Lituanie se retire du traité sur les mines antipersonnel : un tournant sécuritaire face à la menace russe

La Lituanie se retire du traité sur les mines antipersonnel : un tournant sécuritaire face à la menace russe

Un choix stratégique dans un contexte de tensions croissantes

Le 8 mai 2025, le Parlement lituanien a voté à une large majorité le retrait du pays du traité d’Ottawa, qui interdit l’utilisation, le stockage, la production et le transfert de mines antipersonnel. Cette décision, inédite au sein de l’Union européenne, intervient dans un contexte de tensions extrêmes avec la Russie, accusée d’accroître sa pression militaire sur les États baltes et de multiplier les provocations à la frontière.

Pour Vilnius, il s’agit d’une mesure de « défense nationale » visant à renforcer la sécurité du territoire face à une menace jugée existentielle. Le gouvernement lituanien affirme que le contexte géopolitique actuel ne permet plus de se priver d’outils de dissuasion efficaces, alors que la guerre en Ukraine a montré l’efficacité redoutable des mines dans la défense des lignes de front.

Une rupture avec la doctrine humanitaire européenne

La décision de la Lituanie a provoqué une onde de choc à Bruxelles et dans les capitales européennes. Le traité d’Ottawa, signé en 1997, est l’un des piliers de la diplomatie humanitaire de l’UE, qui a toujours défendu l’interdiction totale des mines antipersonnel pour des raisons éthiques et humanitaires. Les ONG, dont Handicap International et Human Rights Watch, ont dénoncé une « régression majeure » et mis en garde contre les conséquences dramatiques pour les civils.

La Lituanie, tout en réaffirmant son attachement aux principes humanitaires, estime que la sécurité de sa population doit primer dans un contexte de menace directe. Le gouvernement s’engage à limiter l’utilisation des mines à des zones strictement militaires et à respecter les normes internationales en matière de signalisation et de déminage.

La réaction de la Russie et des alliés de l’OTAN

Moscou a immédiatement dénoncé la décision lituanienne, y voyant une « provocation » et une « escalade délibérée ». La Russie, qui n’a jamais signé le traité d’Ottawa, considère les mines comme un outil légitime de défense. Les alliés de l’OTAN, quant à eux, sont partagés : certains comprennent la position de Vilnius face à la menace russe, d’autres redoutent une remise en cause des acquis humanitaires et un affaiblissement de la position morale de l’Alliance.

Les États baltes, la Pologne et la Finlande ont exprimé leur solidarité avec la Lituanie, tandis que la France et l’Allemagne appellent à la retenue et au dialogue. L’ONU a rappelé l’importance du traité d’Ottawa pour la protection des civils et la prévention des souffrances inutiles en temps de guerre.

Les enjeux sécuritaires et humanitaires d’un retour des mines

Le retour potentiel des mines antipersonnel dans les arsenaux européens soulève des questions majeures. Ces armes, peu coûteuses et faciles à déployer, sont redoutablement efficaces sur le plan militaire mais causent des ravages parmi les civils, souvent longtemps après la fin des conflits. Les experts en sécurité estiment que la Lituanie cherche avant tout à envoyer un signal fort à Moscou et à renforcer sa capacité de dissuasion.

 

Les ONG rappellent que les mines font chaque année des milliers de victimes, en majorité des enfants et des paysans. Le risque d’une prolifération incontrôlée et d’un retour en arrière dans la protection des populations civiles inquiète la communauté internationale.

Un débat européen sur la sécurité et les valeurs

La décision lituanienne relance le débat sur la sécurité collective, la souveraineté des États et la compatibilité entre défense nationale et respect des droits humains. Les partisans de Vilnius estiment que l’Europe doit s’adapter à la nouvelle donne géopolitique et ne pas rester prisonnière d’une vision idéaliste. Les défenseurs du traité d’Ottawa appellent à renforcer la solidarité, la dissuasion conventionnelle et la diplomatie pour éviter une escalade incontrôlée.

Conclusion : Un précédent aux conséquences incalculables

Le retrait de la Lituanie du traité sur les mines antipersonnel marque un tournant dans la politique de sécurité européenne. Entre impératif de défense et exigences humanitaires, l’Europe se retrouve face à un dilemme historique. La suite dépendra de la capacité des dirigeants à trouver un équilibre entre sécurité, solidarité et respect des valeurs fondamentales qui fondent l’Union européenne.