Introduction
Le Mexique est une nouvelle fois frappé par la violence politique. En l’espace de deux jours, deux maires ont été assassinées dans des circonstances similaires, illustrant la gravité de la crise sécuritaire qui secoue le pays. Martha Laura Mendoza, maire de Tepalcatepec, et Lilia Garcia, maire de San Mateo Piñas, ont été tuées par balles, toutes deux membres du parti Morena, actuellement au pouvoir. Ces drames témoignent de la vulnérabilité croissante des élus locaux face à la criminalité organisée et posent la question de la capacité de l’État mexicain à garantir la sécurité et la stabilité démocratique.
Les faits : deux assassinats en deux jours
Le 17 juin 2025, Martha Laura Mendoza a été abattue devant son domicile, accompagnée de son époux, également tué lors de l’attaque. Deux jours plus tôt, Lilia Garcia avait subi le même sort dans l’État d’Oaxaca. Les deux femmes étaient connues pour leur engagement social et leur volonté de lutter contre l’influence des groupes criminels dans leurs municipalités. Les circonstances des assassinats, menés par des hommes armés en pleine rue, soulignent la brutalité et l’impunité qui règnent dans certaines régions du Mexique1.
Un phénomène en hausse alarmante
Ces meurtres ne sont pas des cas isolés. Depuis le début de l’année, plusieurs dizaines d’élus locaux et de candidats ont été assassinés à travers le pays. Selon les ONG spécialisées, le Mexique est l’un des pays les plus dangereux au monde pour les responsables politiques locaux. Les élections municipales et régionales sont régulièrement entachées de violences, d’intimidations et de menaces, visant à contrôler les ressources locales et à imposer la loi des cartels.
Le Michoacan, où a été tuée Martha Laura Mendoza, est particulièrement touché. Cet État, principal producteur mondial d’avocats, est le théâtre d’affrontements entre groupes criminels rivaux, notamment la « Nueva familia michoacana », classée organisation terroriste par les États-Unis. Les cartels cherchent à contrôler les flux financiers et les ressources naturelles, n’hésitant pas à recourir à la violence extrême pour asseoir leur domination.
Les causes profondes de la violence politique
La montée de la violence contre les élus s’explique par plusieurs facteurs :
- L’impunité persistante : La majorité des crimes contre les responsables politiques restent impunis, faute d’enquêtes efficaces ou de volonté politique.
- La faiblesse des institutions locales : Les forces de l’ordre sont souvent sous-équipées, mal formées, voire infiltrées par le crime organisé.
- La pauvreté et la corruption : Le manque de perspectives économiques et la corruption généralisée favorisent l’emprise des cartels, qui recrutent facilement parmi une population démunie.
- Le contrôle des ressources : Les cartels cherchent à s’assurer le contrôle de secteurs lucratifs (avocat, bois, exploitation minière), ce qui les pousse à éliminer les élus jugés gênants.
Les conséquences pour la démocratie mexicaine
Ces assassinats jettent une ombre sur la démocratie locale. De nombreux candidats renoncent à se présenter aux élections par peur pour leur vie. Certains postes restent vacants, faute de volontaires. La population, elle, perd confiance dans la capacité de l’État à la protéger et à garantir un minimum de sécurité.
Le gouvernement fédéral a promis des mesures de protection renforcées pour les élus et les candidats, mais leur efficacité reste limitée. Les familles des victimes réclament justice, tandis que la société civile appelle à une réforme en profondeur des institutions de sécurité et de justice.
Réactions nationales et internationales
La mort de deux maires en si peu de temps a suscité une vague d’indignation au Mexique et à l’étranger. Le président Andrés Manuel López Obrador a condamné les assassinats et promis que les responsables seraient traduits en justice. Les partis politiques, toutes tendances confondues, ont exprimé leur solidarité avec les familles des victimes et appelé à une mobilisation nationale contre la violence politique.
Au niveau international, l’ONU et l’Organisation des États américains ont exhorté le gouvernement mexicain à garantir la sécurité des élus et à lutter contre la criminalité organisée. Des ONG comme Human Rights Watch et Amnesty International dénoncent l’impunité quasi totale dont bénéficient les auteurs de ces crimes.
Témoignages et analyses
Des proches de Martha Laura Mendoza ont exprimé leur colère et leur désarroi, dénonçant l’inaction des autorités. « Elle savait qu’elle était menacée, mais elle refusait de céder à la peur », confie un membre de sa famille. Des experts en sécurité soulignent que la violence politique au Mexique est le symptôme d’un État affaibli, incapable de garantir la sécurité de ses citoyens et de ses représentants.
Les analystes rappellent que la lutte contre la criminalité organisée nécessite des réformes structurelles : renforcement des institutions judiciaires, lutte contre la corruption, amélioration de la coopération entre les différents niveaux de gouvernement et investissement massif dans l’éducation et le développement économique.
Les enjeux pour l’avenir
La violence politique au Mexique menace non seulement la vie des élus, mais aussi la stabilité démocratique du pays. Si rien n’est fait, le risque est grand de voir s’installer une forme de « narco-démocratie », où les décisions publiques sont dictées par les groupes criminels. La communauté internationale, les ONG et la société civile mexicaine appellent à une mobilisation générale pour restaurer l’État de droit et protéger ceux qui s’engagent au service du bien commun.
Conclusion
L’assassinat de deux maires en deux jours au Mexique est un signal d’alarme pour la démocratie et la sécurité dans le pays. Face à la montée de la violence politique, il est urgent d’agir pour protéger les élus, restaurer l’État de droit et redonner confiance à la population. La stabilité du Mexique, et au-delà celle de toute la région, dépendra de la capacité des autorités à répondre à ce défi majeur