Introduction
Le Mexique est frappé par une vague de violence politique sans précédent. En l’espace de 48 heures, deux maires ont été assassinées dans des circonstances similaires, illustrant la montée des tensions et l’extrême danger auquel sont exposés les élus locaux. Ces drames révèlent la fragilité de l’État de droit dans plusieurs régions du pays, où la criminalité organisée impose sa loi et où les représentants de l’autorité publique deviennent des cibles privilégiées.
Les faits : deux assassinats en deux jours
Le mardi 17 juin 2025, Martha Laura Mendoza, maire de Tepalcatepec dans l’État du Michoacan, a été tuée par balles devant son domicile, en compagnie de son époux. Deux jours auparavant, Lilia Garcia, maire de San Mateo Piñas dans l’État d’Oaxaca, avait subi le même sort. Les deux femmes étaient membres du parti Morena, actuellement au pouvoir au Mexique. Les attaques, menées par des hommes armés, ont été perpétrées en pleine rue, sous les yeux de témoins impuissants1.
Ces assassinats ne sont pas des cas isolés. Depuis le début de l’année, plusieurs élus locaux ont été tués ou menacés, souvent en lien avec leur refus de collaborer avec le crime organisé ou leur volonté de s’opposer à l’influence des cartels sur la vie politique et économique locale.
Le contexte : un pays sous la coupe des cartels
Le Michoacan, principal producteur mondial d’avocats, est également l’un des États les plus violents du Mexique. Il est le théâtre d’affrontements entre groupes criminels rivaux, notamment la « Nueva familia michoacana », classée organisation terroriste par les États-Unis. Les cartels cherchent à contrôler les ressources naturelles et les flux financiers, et n’hésitent pas à recourir à la violence extrême pour asseoir leur domination1.
Les élus locaux, en première ligne face à ces groupes, sont particulièrement exposés. Beaucoup sont contraints de composer avec les cartels pour préserver leur vie ou celle de leurs proches. Ceux qui refusent, ou qui tentent de s’opposer à la corruption et à la mainmise du crime organisé, paient souvent le prix fort.
Les causes profondes de la violence politique
La montée de la violence contre les élus s’explique par plusieurs facteurs :
- L’impunité persistante : La plupart des crimes contre les responsables politiques restent impunis, faute d’enquêtes efficaces ou de volonté politique.
- La faiblesse des institutions locales : Dans de nombreux cas, les forces de l’ordre locales sont sous-équipées, mal formées, voire infiltrées par le crime organisé.
- La pauvreté et la corruption : Le manque de perspectives économiques et la corruption généralisée favorisent l’emprise des cartels, qui recrutent facilement parmi une population démunie.
- Le contrôle des ressources : Les cartels cherchent à s’assurer le contrôle de secteurs lucratifs (avocat, bois, exploitation minière), ce qui les pousse à éliminer les élus jugés gênants.
Les conséquences pour la démocratie mexicaine
Ces assassinats ont un effet dévastateur sur la vie démocratique locale. De nombreux candidats renoncent à se présenter aux élections par peur pour leur sécurité. Certains postes restent vacants, faute de volontaires. La population, elle, perd confiance dans la capacité de l’État à la protéger.
Le gouvernement fédéral a promis des mesures de protection renforcées pour les élus et les candidats, mais leur efficacité reste limitée. Les familles des victimes réclament justice, tandis que la société civile appelle à une réforme en profondeur des institutions de sécurité et de justice.
Témoignages et réactions
Des proches de Martha Laura Mendoza ont exprimé leur colère et leur désarroi, dénonçant l’inaction des autorités. « Elle savait qu’elle était menacée, mais elle refusait de céder à la peur », témoigne un membre de sa famille. Les associations de défense des droits humains pointent la responsabilité de l’État et exigent la fin de l’impunité.
Au niveau international, ces assassinats ont suscité l’indignation. L’ONU et l’Organisation des États américains ont appelé le gouvernement mexicain à garantir la sécurité des élus et à lutter contre la criminalité organisée.
Perspectives et enjeux
La lutte contre la violence politique au Mexique nécessite une mobilisation générale : renforcement des institutions, lutte contre la corruption, soutien aux collectivités locales, coopération internationale. Tant que l’impunité régnera et que les cartels continueront d’exercer leur pouvoir, la démocratie mexicaine restera fragilisée.
Conclusion
L’assassinat de deux maires en deux jours rappelle la gravité de la crise sécuritaire au Mexique. Face à la montée de la violence politique, il est urgent d’agir pour protéger les élus, restaurer l’État de droit et redonner confiance à la population. La stabilité démocratique du pays en dépend1.