Le 2 mars 2025, Kiev et plusieurs grandes villes ukrainiennes ont été le théâtre de manifestations massives, rassemblant des centaines de milliers de personnes. Au cœur de ces mouvements de protestation : la demande de libération des prisonniers de guerre ukrainiens encore détenus dans les territoires occupés et en Russie. Ces manifestations, les plus importantes depuis le début du conflit en 2022, marquent un tournant dans la mobilisation de la société civile ukrainienne.
Les manifestants, brandissant des drapeaux ukrainiens et des portraits de soldats capturés, ont convergé vers la place de l'Indépendance à Kiev, symbole de la résistance ukrainienne. Des scènes similaires se sont déroulées à Lviv, Odessa, et Kharkiv, témoignant de l'ampleur nationale du mouvement.
Olena Kovaltchouk, porte-parole du collectif "Familles des Prisonniers", déclare : "Nous ne pouvons plus attendre. Chaque jour qui passe est une torture pour nos proches et pour nous. Nous exigeons que le gouvernement intensifie ses efforts diplomatiques pour obtenir leur libération."
Le nombre exact de prisonniers de guerre ukrainiens reste incertain, mais les estimations varient entre 3 000 et 5 000 personnes. Les conditions de détention sont souvent décrites comme déplorables, avec des rapports faisant état de mauvais traitements et de violations des Conventions de Genève
Le professeur Andriy Melnyk de l'Université nationale de Kiev-Mohyla Academy explique : "Ces manifestations reflètent une frustration croissante face à ce qui est perçu comme une impasse diplomatique. Elles mettent également en lumière les limites des accords de cessez-le-feu qui n'ont pas réussi à résoudre la question des prisonniers."
Le gouvernement ukrainien, pris entre la pression populaire et les complexités des négociations internationales, se trouve dans une position délicate. Le président Zelensky a adressé un message à la nation, promettant de redoubler d'efforts pour obtenir la libération des prisonniers. "Nous n'abandonnerons jamais nos compatriotes. Leur retour est notre priorité absolue", a-t-il déclaré.
Les manifestations ont également une dimension internationale. Des rassemblements de solidarité ont eu lieu devant les ambassades russes dans plusieurs capitales européennes, attirant l'attention des médias internationaux sur la situation des prisonniers de guerre ukrainiens.
Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a réagi en accusant l'Ukraine d'instrumentaliser la question des prisonniers à des fins politiques. "La Russie respecte pleinement les conventions internationales concernant le traitement des prisonniers de guerre", a-t-elle affirmé, une déclaration contestée par de nombreuses organisations de défense des droits de l'homme.
L'Union européenne et les États-Unis ont exprimé leur soutien aux revendications des manifestants. Josep Borrell, Haut Représentant de l'UE pour les affaires étrangères, a déclaré : "La libération des prisonniers de guerre est une obligation morale et légale. Nous appelons toutes les parties à respecter le droit international humanitaire."
Les manifestations ont également mis en lumière les défis psychologiques et sociaux auxquels sont confrontées les familles des prisonniers. Des psychologues et des travailleurs sociaux ont été déployés sur les lieux des rassemblements pour offrir un soutien aux participants.
Le Dr. Natalia Kovalenko, psychologue spécialisée dans le stress post-traumatique, souligne : "L'incertitude et l'attente prolongée ont des effets dévastateurs sur la santé mentale des familles. Ces manifestations sont aussi une façon pour elles de canaliser leur angoisse et leur frustration."
Les organisations de la société civile jouent un rôle crucial dans ce mouvement. Des ONG comme "Prisonniers pour la Paix" ont contribué à coordonner les manifestations et à fournir un soutien logistique et juridique aux familles des prisonniers.
Igor Ponomarenko, directeur de "Prisonniers pour la Paix", explique : "Notre objectif est de maintenir cette question au premier plan de l'agenda politique national et international. Nous travaillons également à documenter les cas individuels pour faciliter les futures négociations."
L'impact économique de ces manifestations massives n'est pas négligeable. Plusieurs grandes villes ont vu leurs activités perturbées, avec des fermetures de commerces et des interruptions de transport. Cependant, de nombreux citoyens expriment leur soutien malgré les inconvénients.
En conclusion, ces manifestations massives en Ukraine marquent un moment crucial dans l'évolution du conflit. Elles témoignent de la résilience et de la détermination de la société civile ukrainienne, tout en mettant en lumière les défis persistants dans la résolution du conflit. La question des prisonniers de guerre reste un enjeu humanitaire majeur, dont la résolution pourrait être déterminante pour l'avenir des relations entre l'Ukraine et la Russie, ainsi que pour la stabilité régionale.