Dans le contexte du conflit russo-ukrainien qui perdure depuis maintenant trois ans, la Turquie, sous la direction du président Recep Tayyip Erdogan, s'est positionnée comme un acteur diplomatique incontournable. Cette posture de médiateur, bien que fragile, offre une lueur d'espoir dans la recherche d'une résolution pacifique.

Une "neutralité engagée"

La stratégie turque, qualifiée de "neutralité engagée" par certains experts, repose sur un équilibre délicat entre ses relations avec Moscou et Kiev. Cette approche a permis à Ankara de maintenir des canaux de communication ouverts avec les deux parties belligérantes, tout en préservant ses propres intérêts géopolitiques et économiques.

Les initiatives diplomatiques turques

Depuis le début du conflit, la Turquie a multiplié les initiatives diplomatiques :

1. Organisation de pourparlers de paix entre Moscou et Kiev dans les premières semaines du conflit.
2. Médiation pour l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes.
3. Proposition d'accueillir un sommet de paix avec la participation de la Russie.

Ces efforts ont contribué à positionner la Turquie comme un médiateur potentiel crédible aux yeux de la communauté internationale.

Les défis de la médiation turque

Malgré ses efforts, la position de médiateur de la Turquie reste précaire :

• Équilibre diplomatique fragile : Ankara doit constamment naviguer entre ses engagements envers l'OTAN et ses relations économiques avec la Russie.
• Pressions occidentales : Les liens étroits entre la Turquie et la Russie suscitent des tensions avec les alliés occidentaux, notamment concernant le contournement des sanctions.
• Évolution du conflit : L'intensification des combats et la polarisation croissante du contexte géopolitique compliquent la tâche de médiation.

Perspectives d'avenir

Malgré ces défis, la Turquie continue de jouer un rôle crucial dans les tentatives de résolution du conflit. Le président Erdogan a récemment réitéré son offre de médiation lors d'un appel téléphonique avec Vladimir Poutine le 18 mars 2025, soulignant la disponibilité de la Turquie à "jouer un rôle de facilitateur" pour ramener les parties à la table des négociations1.

La position unique de la Turquie, à la croisée de l'Orient et de l'Occident, lui confère un avantage diplomatique certain. Cependant, le succès de sa médiation dépendra de sa capacité à maintenir la confiance des deux parties tout en naviguant dans les eaux troubles de la géopolitique internationale.

Conclusion

La Turquie, sous la direction d'Erdogan, s'efforce de réinventer la diplomatie dans le conflit ukrainien en proposant une approche de médiation équilibrée. Bien que les défis restent nombreux, les efforts turcs offrent une alternative diplomatique précieuse dans un contexte où les solutions pacifiques semblent rares. L'avenir dira si cette "neutralité engagée" parviendra à ouvrir la voie à une résolution durable du conflit russo-ukrainien.