France – Remaniement, Françoise Gatel à l'Aménagement du territoire
C'est un remaniement ministériel à la fois attendu et surprenant qu'a sanctionné, dimanche soir, le président de la République Emmanuel Macron après la démission et le retour express de Sébastien Lecornu à Matignon. Parmi les nouveaux visages, la nomination de Françoise Gatel, centriste et figure de longue date de l'Ille-et-Vilaine, au ministère de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation, vient saluer une trajectoire exemplaire, mais aussi répondre à une urgence de continuité et d'apaisement dans un climat institutionnel agité.
À 72 ans, vice-présidente de l'UDI, ancienne sénatrice, maire de Châteaugiron, présidente de la délégation sénatoriale aux collectivités territoriales, Françoise Gatel incarne l'engagement territorial ancré. Sa reconduction au sein de l'équipe gouvernementale intervient après avoir été largement reconnue pour son travail en faveur de la ruralité et du dialogue entre collectivités et État lors des gouvernements précédents de Michel Barnier puis François Bayrou. Proche du terrain autant que des arbitrages parisiens, elle hérite d'un ministère clé, dans un contexte de tensions majeures – avec le mouvement des élus locaux qui s'inquiètent d'un retour de la recentralisation, les revendications sur la décentralisation et les crises du logement et de la désertification rurale.

Le choix de l'Élysée s'inscrit dans un double objectif : rassurer les collectivités et donner des gages à l'UDI, qui avait publiquement déclaré « reprendre sa liberté » après le bref épisode gouvernemental précédent – séquence marquée par l'instabilité et l'influence persistante des courants de centre droit au sein de la majorité. Pour l'exécutif, la priorité est désormais d'enclencher rapidement une série de réformes : transition écologique des territoires, revitalisation des centres-bourgs, accompagnement du monde rural et modernisation de la décentralisation. De nombreux observateurs saluent la « maison de compétence » apportée par Gatel, mais soulignent également les obstacles politiques qui l'attendent au Parlement comme sur le terrain, avec la mobilisation continue des élus et les attentes croissantes des citoyens.
Ce remaniement, loin d'éteindre les fractures, marque l'ouverture d'une nouvelle ère qui pourrait définir l'équilibre institutionnel français des prochaines années. D'ici la rentrée parlementaire, Françoise Gatel devra prouver sa capacité à transformer l'expérience en résultats réels pour des territoires fatigués des promesses, mais avides de solutions concrètes face aux défis contemporains.
