États-Unis : une juge suspend le déploiement de la Garde nationale à Chicago
Le déploiement de près de 500 soldats de la Garde nationale dans la région de Chicago, ordonné par le président Donald Trump, a été suspendu par une juge fédérale le jeudi 9 octobre 2025. Cette décision judiciaire fait suite à une contestation lancée par les autorités locales, dont le gouverneur de l'Illinois J.B. Pritzker et la maire de Chicago, qui dénoncent ce déploiement comme une « occupation » fédérale illégitime et une manifestation d’autoritarisme de la part de l’administration Trump.
La juge April Perry, en se prononçant, a estimé qu’il n’existait aucune preuve crédible d’un danger de rébellion à Chicago justifiant une telle action militaire. Elle a également critiqué les arguments du gouvernement, soulignant que cette intervention pourrait au contraire attiser les tensions déjà vives dans la ville, connue comme « la capitale mondiale du meurtre » selon le président Trump. La suspension vise à protéger les droits des habitants et à garantir l’ordre public sans recourir à une militarisation excessive des rues.
Ce déploiement de la Garde nationale américain était censé appuyer les agents fédéraux de la police de l’immigration (ICE) dans leurs opérations d’arrestations, dans le cadre de la politique dure de Trump contre l’immigration clandestine. Le président républicain a multiplié les déclarations hostiles à Chicago, considérée par lui comme un « trou à rats » et un foyer de criminalité, signant plusieurs décrets pour envoyer des forces militaires dans les grandes villes dirigées par des démocrates.
Toutefois, ce geste de force a suscité une vive opposition locale, y compris des manifestations devant des bâtiments de l’ICE, où des affrontements ont éclaté entre manifestants et agents fédéraux. Des critiques ont été émises sur l’usage excessif de la force, notamment après un incident spectaculaire où des agents ont tiré des projectiles sur des manifestants pacifiques, y compris des membres du clergé, comme le relate la presse locale et internationale.

Le gouverneur Pritzker et la maire de Chicago ont également porté plainte pour contester la légalité de l’envoi de militaires fédéraux sans leur consentement. Cette opposition reflète un conflit institutionnel entre le pouvoir fédéral et les autorités locales démocrates, exacerbée par la rhétorique incendiaire de Donald Trump et sa stratégie électorale agressive.
Cette suspension judiciaire est un revers symbolique pour Donald Trump, intervenant alors que la présidentielle de 2024 se rapproche et que la question sécuritaire demeure un thème majeur dans la campagne. Elle illustre aussi les limites d’un président qui tente d’imposer sa politique par la force dans des États dirigés par ses opposants.
En somme, la décision de la justice fédérale bloque provisoirement l’effort de militarisation à Chicago, en défendant les principes de la séparation des pouvoirs et la primauté des autorités locales dans la gestion de la sécurité. Cette affaire pourrait servir de précédent dans les tensions entre Washington et les grandes métropoles américaines dans les mois à venir.
