Trump et Gaza : Le triomphe de la méthode Trump ou simple pansement sur une zone dangereuse du Moyen-Orient ?

L'accord de paix de Trump : un succès diplomatique ou une illusion fragile ?

Le président américain Donald Trump est au cœur d'un tournant diplomatique majeur avec son plan en 20 points pour mettre fin à la guerre à Gaza en 2025. Ce plan, présenté fin septembre à Jérusalem puis à Washington, promet une zone franche démilitarisée, un retrait progressif des troupes israéliennes et la création d'une autorité transitoire palestinienne internationale. Le cessez-le-feu efficace, agi récemment, est salué comme une victoire de Trump qui joue sa carte de « faiseur de paix » aux enjeux géopolitiques élevés.

Le modèle trumpien se caractérise par une stratégie de mise sous pression intense des acteurs clés – Israël et le Hamas – en combinant menaces, promesses et médiation directe. Une méthode d'obtention rapide de résultats, à court terme, sans réel souci de la durabilité des accords. Comme au cours de son engagement précédent dans la crise ukrainienne, Trump vise l'impact spectaculaire et la reconnaissance médiatique, notamment le prix Nobel de la paix, quitte à laisser en suspens les questions fondamentales comme la gouvernance durable de Gaza, les racines du conflit et la reconstruction sur des bases solides.

La controverse est vive : pour Israël, accusé depuis les attaques sanglantes subies, le plan garantit une sécurité renforcée mais impose des concessions douloureuses. Pour le Hamas, la remise en cause implicite de son autorité et la demande de démilitarisation sont sources de fortes tensions internes et d'incertitudes sur l'acceptation réelle des termes. Des médiateurs comme le Qatar ont la tâche délicate de tempérer et faire accepter ce plan, ce dont dépend la pérennité de la paix annoncée.

Les critiques pointent aussi le risque que cet accord ne soit qu'un simple pansement sur une plaie chronique. La zone de Gaza reste économiquement exsangue, socialement fracturée et politiquement instable. L'absence d'un calendrier clair, le flou stratégique sur la reprise et le désarmement effectif, ou encore le sort des prisonniers palestiniens, laissent planer une ombre de doute. La diplomatie américaine marche donc sur un fil, oscillant entre pragmatisme et risques d'échec critiques.

Enjeux stratégiques et géopolitiques

Ce succès apparent de Trump bouleverse les équilibres au Moyen-Orient. Il redessine la carte diplomatique avec une Égypte renforcée en médiateur régional, une communauté internationale réunie autour d'une première trêve depuis longtemps, mais aussi une Europe et une ONU qui doivent s'impliquer dans l'après-crise. Le scénario d'un « Singapour méditerranéen », zone économique libérée, soutenu par un programme américain, reste cependant hypothétique face aux défis sécuritaires et politiques.

Au-delà du terrain local, cette initiative traduit la volonté américaine à réaffirmer son rôle de puissance diplomatique incontournable, alors que la guerre froide sino-américaine s'intensifie ailleurs. L'accord de Gaza montre aussi l'habilité trumpienne à jongler avec des crises multiples, parfois au prix de compromis fragiles, mais visant à cultiver une image de leadership mondial renforcé.