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«Jamais Lagardère ne s’est aussi bien porté» : contrôlé par Vivendi, le propriétaire de Hachette au plus haut de sa forme depuis 15 ans. Indépendance éditoriale en question, quel avenir pour le groupe ?

«Jamais Lagardère ne s’est aussi bien porté» : contrôlé par Vivendi, le propriétaire de Hachette au plus haut de sa forme depuis 15 ans. Indépendance éditoriale en question, quel avenir pour le groupe ?

Le groupe Lagardère, fleuron de l'industrie française de l'édition et des médias, affiche une santé financière resplendissante. Contrôlé par le groupe Vivendi, propriété de l'homme d'affaires Vincent Bolloré, Lagardère a annoncé des résultats record, atteignant des niveaux de performance jamais observés depuis 15 ans. Cette situation, qui contraste avec les difficultés rencontrées par d'autres acteurs du secteur, suscite à la fois l'admiration et l'inquiétude.

D'un côté, il est indéniable que le groupe Lagardère a su tirer profit de la reprise économique post-pandémie et de la diversification de ses activités. Son pôle édition, avec Hachette Livre en fer de lance, domine le marché mondial du livre, bénéficiant du succès des best-sellers et de la croissance du livre numérique. Son pôle distribution, avec Lagardère Travel Retail, profite du retour en force du tourisme et des voyages, notamment dans les aéroports et les gares.

Son pôle médias, bien que confronté à des défis structurels, conserve une influence importante grâce à des marques emblématiques comme Europe 1, Paris Match et Le Journal du Dimanche.

De l'autre, la prise de contrôle de Lagardère par Vivendi, actée en 2021, soulève des interrogations persistantes quant à l'avenir du groupe et à son indépendance éditoriale. Vincent Bolloré, connu pour ses opinions conservatrices et son interventionnisme dans les médias qu'il contrôle, est accusé par certains de vouloir imposer sa vision du monde et de limiter la liberté d'expression des journalistes et des auteurs.

Les craintes se sont notamment concentrées sur le Journal du Dimanche (JDD), dont la rédaction a massivement démissionné en 2023 pour protester contre la nomination d'un nouveau directeur jugé trop proche de Vincent Bolloré.

La question de l'indépendance éditoriale de Lagardère est d'autant plus cruciale que le groupe détient des médias d'information influents, dont la crédibilité et l'impartialité sont essentielles pour le débat démocratique. Les journalistes et les auteurs du groupe sont-ils libres d'exprimer leurs opinions et de traiter les sujets qu'ils jugent importants, sans être soumis à des pressions ou à des censures ? Les garanties apportées par les dirigeants de Lagardère et de Vivendi sont-elles suffisantes pour rassurer les observateurs et les professionnels des médias ?

 

L'avenir du groupe Lagardère est également lié à la stratégie de Vivendi et à la place que Vincent Bolloré entend lui accorder au sein de son empire médiatique. Le groupe Canal+, autre filiale phare de Vivendi, pourrait être amené à jouer un rôle croissant dans la production et la distribution de contenus, au détriment des médias traditionnels de Lagardère. La question de la synergie entre les différentes entités du groupe et de la préservation de leur identité propre reste posée.

Dans ce contexte incertain, le rôle d'Arnaud Lagardère, qui a cédé le contrôle de son groupe à Vivendi mais qui conserve la direction opérationnelle, est particulièrement délicat. Il doit à la fois défendre les intérêts de son entreprise et garantir l'indépendance de ses équipes éditoriales, tout en ménageant les susceptibilités de son nouvel actionnaire. Son positionnement, à la fois stratège et diplomate, sera déterminant pour l'avenir du groupe Lagardère.

La nomination d'Arnaud Lagardère au conseil d'administration de la holding Louis Hachette Group, annoncée récemment, est perçue par certains comme un gage de sa volonté de s'investir pleinement dans l'avenir du groupe et de veiller à la pérennité de ses valeurs. D'autres y voient une manière pour Vincent Bolloré de s'assurer de sa loyauté et de contrôler plus étroitement les décisions stratégiques. Quoi qu'il en soit, cette nomination souligne l'importance de l'enjeu que représente le groupe Lagardère pour l'ensemble du paysage médiatique français.

L'année 2025 sera donc cruciale pour le groupe Lagardère, qui devra confirmer sa bonne santé financière, rassurer sur son indépendance éditoriale et définir sa stratégie à long terme. Les observateurs et les professionnels des médias suivront de près les évolutions du groupe et les décisions de ses dirigeants, conscients de l'impact qu'elles