Le dernier rapport de la coalition One Free Press, publié en mai 2025, dresse un constat alarmant : 361 journalistes sont actuellement emprisonnés dans le monde, un chiffre en hausse par rapport à l’année précédente. Cette situation met en lumière la dégradation continue de la liberté de la presse, pilier essentiel de toute démocratie, et la multiplication des menaces qui pèsent sur les professionnels de l’information.
Les pays les plus répressifs restent la Chine, l’Iran, la Birmanie, la Turquie et l’Égypte, où les journalistes sont régulièrement arrêtés, jugés lors de procès expéditifs et condamnés à de lourdes peines pour des motifs politiques. Mais la tendance n’épargne pas les démocraties : en Europe, en Amérique du Nord, en Inde, des reporters subissent des pressions, des intimidations, voire des violences physiques, notamment lorsqu’ils enquêtent sur la corruption, le crime organisé ou les abus de pouvoir.
Le rapport souligne que la plupart des journalistes emprisonnés l’ont été pour des faits liés à la diffusion d’informations jugées « sensibles » par les autorités : dénonciation de la corruption, couverture de manifestations, enquêtes sur les droits humains ou les questions environnementales. Les réseaux sociaux, tout en offrant de nouveaux espaces d’expression, sont aussi devenus des outils de surveillance et de répression, facilitant l’identification et la traque des voix dissidentes.
En France, la situation reste globalement favorable, mais les alertes se multiplient. Plusieurs journalistes ont été convoqués par la police pour avoir refusé de révéler leurs sources, tandis que des reporters couvrant des mouvements sociaux ont été victimes de violences ou d’arrestations arbitraires. Les syndicats et les associations de défense de la presse appellent à une vigilance accrue et à la protection effective du secret des sources, condition sine qua non de l’indépendance journalistique.
Au niveau international, la liberté de la presse est de plus en plus menacée par la montée des régimes autoritaires, la polarisation politique et la diffusion massive de fausses informations. Les gouvernements utilisent la législation antiterroriste, les lois sur la sécurité nationale ou la lutte contre la désinformation pour museler les médias indépendants et contrôler le récit public. Les journalistes d’investigation, en particulier, paient un lourd tribut : harcèlement, menaces de mort, exil forcé, voire assassinats.
La situation est d’autant plus préoccupante que la désinformation prospère dans les zones de conflit, les régimes fermés et les sociétés polarisées. Les citoyens, privés d’une information fiable et pluraliste, deviennent vulnérables aux manipulations et aux discours de haine. Les grandes plateformes numériques, souvent accusées de laxisme, peinent à endiguer la propagation des contenus toxiques et à protéger les journalistes des campagnes de harcèlement en ligne.
Face à cette crise, les organisations internationales, les ONG et les institutions démocratiques multiplient les appels à l’action. L’ONU, l’UNESCO, Reporters sans frontières et la Fédération internationale des journalistes réclament la libération immédiate des reporters emprisonnés, la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes et la mise en place de mécanismes de protection efficaces. Les gouvernements démocratiques sont invités à soutenir les médias indépendants, à garantir la sécurité des journalistes et à promouvoir l’éducation aux médias.
Pour les professionnels de l’information, la situation est à la fois difficile et porteuse d’espoir. Malgré les risques, de nombreux journalistes continuent de travailler avec courage, détermination et éthique, convaincus que la liberté de la presse est la meilleure garantie contre l’arbitraire et la tyrannie. Leur combat, soutenu par la solidarité internationale, demeure essentiel pour la défense des droits humains et la vitalité des sociétés démocratiques.
En conclusion, la hausse du nombre de journalistes emprisonnés en 2024 est un signal d’alarme pour la communauté internationale. La liberté de la presse, loin d’être acquise, doit être défendue chaque jour contre toutes les formes de censure, de violence et d’intimidation. C’est le prix à payer pour une information libre, pluraliste et de qualité, au service de l’intérêt général et de la démocratie.